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L'ACCÈS INTERNET SOUS LINUX AVEC UNE CARTE RNIS

Beaucoup moins répandue chez les particuliers que le classique modem, très progressivement délaissée au profit du câble et de l'ADSL, la connexion ISDN, alias Numéris dans la langue commerciale de France Telecom, est un peu, sous Linux, le parent pauvre des modes d'accès à Internet. Elle conserve pourtant, en plus de son coût relativement modéré et d'une vitesse de connexion qui, atteignant les 128Kbits/seconde, suffit pour relier des réseaux d'une dizaine de postes, deux atouts non négligeables : son débit est garanti, et elle est, pour peu que l'on sache résister à la volonté forcenée de France Telecom de ne plus installer que de l'ADSL, disponible partout où l'on peut brancher un téléphone.

A priori, l'installation sous Linux devrait se passer sans mal : la technologie, professionnelle et plus toute jeune, satisfait aux deux critères de base de la compatibilité Linux, le matériel, essentiellement commercialisé aujourd'hui sous forme de cartes PCI passives, a toutes les chances d'être reconnu dès l'installation, et le paramétrage, pour les principales distributions, passe désormais par des assistants graphiques d'une grande simplicité d'utilisation.
Mais le RNIS possède une autre caractéristique fondamentale : essentiellement européenne et surtout allemande, cette technologie est à peu près inconnue aux Etats-Unis. Il suffit, pour s'en convaincre, de jeter un coup d'oeil sur la documentation qui accompagne le paquetage isd4linux de la plus récente distribution RedHat, la 7.2. Une grande partie de la FAQ de Matthias Hessler, fort utile et très complète, est en Allemand, ce qui ne devrait pas rebuter grand'monde, et la documentation dans son ensemble fait exclusivement référence à la SuSE, laquelle se fait par ailleurs une spécialité de la connexion ISDN. Puisqu'on nous y invite avec tant de désinvolture, utilisons-donc une SuSE, qui présente bien d'autres avantages, notamment la présence du proxy wwwoffle, rapide, efficace, francophone pour les utilisateurs, et au minimum cinquante fois plus simple à configurer que le traditionnel Squid, et aussi quelques inconvénients assez sérieux. Et notons que les utilisateurs de Mandrake trouveront de précieux conseils dans les pages de l'excellent MandrakeUser, et les amateurs de Debian un article tout à fait pertinent de Philippe Latu chez Linux France.

au commencement, le matériel
Le premier obstacle à contourner quand on installe un système Linux sur sa machine, et qui se révèle légèrement plus redoutable lors de l'installation sur un ordinateur inconnu, relève de l'identification du matériel. En général, aujourd'hui, si on installe Linux avec le noyau 2.4, livré dans les principales distributions depuis le printemps 2001, sur une brave machine dotée de périphériques honnêtes, donc compatibles, tout va bien.
Les ennuis commencent si l'on cherche à intégrer sa nouvelle carte, Bewan Gazel 864 PCI par exemple, dans une installation existante.

Là, il nous faut commencer par identifier le matériel : ici, c'est facile, puisque le processeur n'est pas maquillé, comme l'est par exemple le Via Rhine des cartes réseaux DFI 530-TX surchargé d'une marque parfaitement inconnue.
Là, on à affaire au HFC-S PCI 2bds0 de Cologne Chips Design. Et si le logo qui reprend le contour de la célèbre cathédrale n'était pas assez probant, la commande lspci apporterait la confirmation suivante :

 
00:0d.0 Network controller: Cologne Chip Designs GmbH
ISDN network controller [HFC-PCI] (rev 02) 

On pourrait donc recompiler son noyau sans crainte, s'ils ne restait quelques légers écueils à affronter.

Le premier est trivial : puisque nous avons identifié notre matériel, il nous faut compiler le noyau avec le pilote HFC-PCI, et pas avec le pilote Gazel, PCI ou pas, qui ne marcherait pas.
Le second est nettement plus méchant. Une des particularités de la SuSE est en effet de disposer d'un noyau spécifique, agrémenté de quelques extensions maison, dont l'emploi est impératif, en particulier pour le RNIS qui ne fonctionnerait pas sans une extension dite lx_suse. Dans le meilleur des cas, on apprend cette particularité au détour du manuel. Dans le pire, après avoir compilé son nouveau noyau avec des sources normales, et s'être rendu compte que tout fonctionne, sauf le RNIS.
Naturellement, l'application de patches sur ce noyau SuSE produit essentiellement des erreurs, et je cherche toujours comment télécharger des mises à jour adaptées sur le site de la distribution. C'est contrariant.

Pour le reste, la compilation avec xconfig se passe dans la section ISDN subsystem, et nécessite les options suivantes :

  • ISDN support, ça tombe sous le sens. Mieux vaut le compiler en tant que module
  • support synchronous PPP, ce protocole étant à coup sûr celui qui nous permettra la liaison avec le fournisseur d'accès. rawIP nécessite notamment la possession d'une adresse IP fixe.
  • use VJ-compression with synchronous PPP, la compression pouvant être désactivée en cas de besoin. La même remarque s'applique à la compression BSD.
  • enfin, support generic MP permettra d'agréger deux canaux RNIS pour doubler la bande passante.

On peut ensuite passer à la section ISDN features submodules où l'on cochera l'option isdnloop support, puis passer à passive ISDN cards, où, en plus du support générique de HiSax, on choisira le protocole européen Euro/DSS1, puis le pilote adapté à sa carte, ici HFC-PCI.

ensuite, le logiciel
Tout ce dont on a besoin en fait de logiciel pour sa connexion RNIS se trouve dans le paquetage isdn4linux. Un coup d'oeil sur la documentation, notamment sur les éléments, par ailleurs bien anciens, du dossier howto, permet de se rassurer : pas de doute, la SuSE est bien la distribution qu'il nous faut. Et l'on constate que, ici, la faq est également disponible en Anglais, et en totalité.
Pour passer à la pratique, le plus simple est d'utliser l'outil de configuration yast2 et ses écrans si agréables.

On lance donc yast2 et, dans Réseau/Base, on choisit configurer le réseau ISDN. Deux options au libellé d'abord un peu déroutant apparaissent alors : périphérique, et matériel. Logiquement, on commence par le matériel.
Rien à faire d'autre ici que de choisir sa carte, laquelle ne nécessite pas de paramètres suplémentaires, et le protocole EuroISDN. Un click sur le bouton suivant nous permet de paramétrer l'aspect logiciel de l'interface, c'est à dire les fichiers de périphérique.

C'est toujours aussi simple : le protocole d'abord - syncPPP, choisi lors de la compilation du noyau - puis le nom de la connexion, le numéro du fournisseur d'accès, l'identifiant et le mot de passe : du classique.
Avec l'écran suivant, ça se complique un peu. En fait, on aborde là les spécificités de notre interface numérique ; on doit donc indiquer :
  • le numéro de téléphone, c'est le MSN, alias numéro de la ligne RNIS. En France, les quatre derniers chiffres suffisent.
  • le mode de numérotation, alias dialmode, peut connaître trois valeurs :
    • manual, qui nous forcera à exécuter une commande pour se connecter
    • auto, comme son nom l'indique.
    • off, enfin, interdira toute utilisation de l'interface.
  • le délai d'inactivité au bout duquel la ligne sera automatiquement coupée est exprimé en secondes.
  • ChargeHUP doit en théorie lancer cette opération juste avant la facturation d'une nouvelle unité
  • enfin, pour démarrer l'interface en même temps que la machine, l'option Démarrage doit être cochée. Sinon, on devra le faire à la main.
Reste, si on laisse de côté le pare-feu de la SuSE, la boîte de dialogue Configuration IP
 
En fait, SuSE s'est chargée du travail pour nous, en proposant des adresses IP fictives qui seront remplacées lors de la connexion. 192.168.0.1 pour la locale, 192.168.0.99 pour la distante sont des paramètres standard pour la SuSE, qui doivent être laissés tels quels. Naturellement, il ne faut pas oublier l'assignation dynamique de l'adresse, et éventuellement des serveurs de noms.
On voit bien que, grâce à Yast2, la configuration de certains paramètres devient aussi simple que sur des systèmes d'exploitation grand public. Mais l'avantage de Linux est qu'il suffit d'enlever le carénage pour voir tourner le moteur, plaisir dont on ne se privera pas en étudiant de plus près les paramètres, fichiers de configuration et lignes de commandes, avant de faire le grand saut.

 

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